La cène ou dernier repas du christ est une fresque murale réalisée par Léonard de Vinci entre 1494 et 1498 pour le réfectoire dominicain de Santa Maria delle Grazie à Milan. Elle met en scène la réaction des douze apôtres lors de l’annonce par Jésus d’un traitre parmi eux.
Ce qui étonne à la première observation de cette peinture c’est le caractère gestuel des personnages, l’intensité de certains regards donnant à la composition une impression de mime parfois en décalage avec l’affectation psychologique.
Certains personnages parmi les douze m’ont alors fait penser à des animaux du zodiaque par leur attitude, d’autres m’ont intrigué pour un geste significatif et une incarnation symbolique déjà établie c’est le cas de saint Jean-Baptiste revêtu d’une peau de mouton dans le tableau du même nom et transformé en agneau dans un dessin préparatoire de l’artiste.
La littérature attribuant généralement les noms suivants aux personnages du tableau, je leur ai ajouté les signes zodiacaux correspondants :
Encadrant étroitement Jésus on trouve Thomas d’un côté, dont le doigt est connu pour avoir touché les blessures de crucifixion mais qui est probablement le double de St Jean-Baptiste avec ses attributs pour le bélier puis de l’autre côté, Jean, « celui que Jésus aimait » mais dont la tête ne s’appuie pas sur la poitrine du christ mais penche de l’autre côté. S’agit il de saint Jean l’évangéliste ou de Marie Madeleine à cause de ses traits féminins, la polémique reste ouverte mais ce personnage avec les doigts croisés devant lui en position d’oscillation et qui semble analyser la situation, pourrait bien avoir le rôle de la balance.
Le protagoniste tenant un couteau derrière son dos, souvent décrit comme impétueux, violent est Pierre, et fait penser au scorpion avec son dard en retrait. Une importance toute particulière doit être accordée à cet apôtre car il est supposé être la pierre angulaire du temple et détient les clés qui sont disposées en forme de X sur le drapeau du Vatican.
A sa droite, siège Judas, avec sa bourse dans la main droite et dont le bras et le coude sont à angle droit comme s’il bandait un arc, on peut songer alors au sagittaire. La flèche virtuelle pourrait se loger dans la poitrine de Philippe le gémeaux avec ses deux mains indiquant un point de convergence. Ces deux signes sont en relation car ils partagent en deux le zodiaque comme le fait la voie lactée. Est ce que Philippe aurait quelque chose de précis à nous dire, j’y reviendrai plus tard.
Jacques le majeur me fait penser au taureau avec sa grande amplitude de geste pour imiter les cornes et son regard insistant vers le centre de la table peut rappeler une illustration montrant les yeux de la constellation bovine dirigée vers la ceinture d’Orion.
Mathieu semble avancer ses mains comme des pinces alors qu’André, le frère de Pierre, lève les mains de façon parallèle pour laisser deviner le capricorne.
Chose curieuse, il me semble reconnaitre dans le personnage campant le lion, un portrait de Léonard de Vinci qui était né sous un autre signe de feu. On le voit ici sur un dessin sans la barbe avec le lion comme emblème sur la poitrine.
Le zodiaque est un peu mis en place , le bélier occuperait la partie haute, le scorpion pourrait définir des axes transverses et notamment un angle particulier. Le tableau semble également attacher les deux groupes de 6 à un éclairage particulier, plus sombre pour ceux qui sont à la droite du maitre de cérémonie, laissant supposer qu’il y a une construction géométrique sous-jacente et un centre de symétrie.
Le signe du doigt levé de St jean-Baptiste (Thomas) montre le plafond à caissons avec 36 rectangles qui, subdivisés, pourraient donner une grille de 72 éléménts. On ne peut s’empêcher de songer aux 36o degrés du cercle et aux 72 constellations déjà identifiées au temps de l’Egypte antique. Un axe des ordonnées semble partager le plafond en deux et passe par le point de fuite défini par le décor et le milieu du grand plat disposé devant le christ.
Mais d’abord une petite parenthèse, à propos du signe de l’index qui pointe vers le haut. Comme le suggère le tableau « St Jean-Baptiste » il semble désigner le centre de la voute étoilée mais aussi retranscrire en comparaison du bâton en croix, une configuration propre au chrisme, projection graphique peut être liée à la connaissance des solstices et équinoxes sur un planisphère inspiré de celui de Denderah (voir figure jointe). J’ai déjà fait un parallèle dans mes vidéos précédentes entre la paume circulaire, certains doigts et la connaissance possible du chrisme mathématique par certains initiés. A noter que P définit le rho grec apparenté à la lettre hébraïque resh. Outre la phonétique du chi et du rho, ce glyphe nous invite à nous questionner sur une définition du monde telle qu’il était entrevu dans l’antiquité.
Le signe de l’index montre en plus de l’association carré-cercle l’existence d’un axe des ordonnées. Celui- ci passant par les points relatifs au point de fuite et au milieu du plafond, l’axe des abscisses a été plus difficile à trouver, et, choisi en fonction du centre du grand plat circulaire il vient partager en deux la surface en perspective de la table. Le centre du repère établi, je me suis aperçu qu’il me permettait d’avoir des figures cohérentes en respectant un cercle passant par les yeux de Pierre et la poitrine de Philippe.
Première étape de la construction :
Les 6 personnages s’inscrivent dans un saint des saints et participent à la base de la construction. Saint jean-Baptiste et son doigt définissent une mesure de rayon pour des petits cercles qui partiront de chaque côté des mains de Jésus. Ce dernier montre pour les signes antagonistes une main différente avec ses informations mais toute la construction et l’échelle repose sur lui même et sa posture très triangulaire. A noter que l’on peut s’amuser à délimiter un carré long dont le cercle central (petit cercle) peut servir à appréhender la notion du nombre d’or (Phi).
Deuxième étape :
Les petits cercles sont démultipliés suivant l’axe des abscisses. Les grands cercles sont double de rayon. Il a été intéressant, connaissant l’ingéniosité et le perfectionnisme de l’auteur d’étudier de façon géométrique une cinétique permettant de mettre en action certains gestes notamment celui de la main armée et de comprendre une histoire plus cachée. Si on fait un parallèle entre la figure christique et Osiris on sait que dans la mythologie grecque un scorpion peut attaquer Orion et que dans la mythologie égyptienne Osiris est démembré par un Seth que certains voient symboliquement en arachnide. Contrairement aux possibilités de Pierre, on n’a pas l’impression que le personnage de Jacques vise particulièrement la ceinture du christ en référence au taureau astrologique et Aldébaran (oeil du taureau) qui est dans la continuité du baudrier des rois. L’affrontement avec le taureau reste d’ailleurs un épisode décrit dans le mithraïsme, et il n’est pas inutile de rappeler que des religions qui ont servi de creuset au christianisme se sont également appuyées sur les références imagées d’une science astrologique.
Montage avec superposition de l’image inverse :
Comme certains s’y sont prêtés, j’ai essayé de faire l’expérience avec l’image miroir et de comprendre s’il y avait des interactions entre les personnages des deux bords.
Dans les deux cas il y a un lien étroit entre Pierre et Philippe, peut être pour opposer la version apostolique de la version apocryphe, qui mentionne une certaine misogynie et une relation privilégiée dans le groupe entre Jésus et certains membres. Le caractère menaçant de Pierre tranche en tout cas avec le reste des apôtres. La main gauche de Judas qui s’oppose quant à elle à la main droite du christ reste une énigme qu’un certain graphisme ne peut éclaircir. Est elle la manifestation d’une conception métaphysique opposée, à savoir qu’en voulant se saisir plutôt du pain que du vin dans l’arbitrage des mains croisées et de l’assiette symbolisant le cycle, elle semble vouloir choisir la voie du matérialisme au principe d’immortalité ? Les mains restent sans aucun doute les véhicules d’une pensée différente dans cet exposé pictural et celui qui pourra réunir ses deux parties pourra progresser sur le chemin de la spiritualité. Un groupe est amené à voir la partie gauche du christ souvent allouée au domaine du coeur, l’autre partie concerne d’avantage le domaine de la raison analytique ce qui est sujet à controverse si l’on s’intéresse au cerveau. On peut faire un parallèle avec bouddha qui prend la terre à témoin avec la main droite pour convaincre un auditoire sceptique. En tout cas, Léonard semble avoir choisi son camp, il était gaucher parait- il, et semble avoir une conversation plutôt philosophique dans un groupe détaché (voir le lion).
En guise de conclusion , je propose cette construction géométrique faisant apparaitre un zodiaque qu’il est facile de construire dans un carré d’ordre 4 avec le cercle inscrit. Pierre pourrait donner l’angle d’ouverture du x pour le chrisme mais dans un planisphère de type Denderah, il aurait plutôt la tête en bas (branche du bas, même côté) or la coïncidence veut qu’il ait été crucifié de cette manière! L’axe vertical serait tenu dans cette configuration par la vierge en bas et en haut par le poisson.
Ce tableau relate un rituel sacrificiel dans la maison du Verseau (l’homme à la cruche de la bible) et deux personnages restent menaçants dans leur attitude avec une arme pour Saint Pierre ou un semblant d’arc pour Judas, je vous invite à découvrir le reste de mon enquête dans l’article « Qui est le Christ et qui l’a tué ? »
PHIM