Véritable réceptacle de la pensée humaine, le crâne se distingue par une architecture plutôt sphérique dans le prolongement vertical du corps.
Avec ces notions morphologiques, fonctionnelles et l’utilisation d’un vocabulaire imagé (voute, boite, palais, orbite….) la figure décharnée du crâne a nourri un symbolisme métaphysique foisonnant en rapport avec l’idée de force vitale et de projection céleste de l’esprit.
La tête supportant l’attribut régalien de la couronne, référence au zodiaque durant le moyen-âge, il n’est pas rare de retrouver des crânes trépanés dans le cas des rois mérovingiens pour favoriser le départ de l’âme (relique de Dagobert II par exemple).
Certains crânes découverts en Europe ou dans la région des Andes présentent également des caractéristiques particulières notamment des formes allongées, parfois en pain de sucre. On peut penser que cette déformation a été initiée dès l’enfance pour répondre aux codes culturels et symboliques de certains peuples.
D’autres têtes ont revêtu un caractère symbolique particulier en raison de leur importance dans le dogme chrétien très versé dans l’astrothéologie et la sapience astrologique. L’idolâtrie d’une tête étrange dite « baphomet » aurait plongé l’ordre du temple dans le discrédit et suscité beaucoup de fantasmes. Une hypothèse s’oriente vers la tête de saint Jean-Baptiste retrouvée à Constantinople et peut-être travestie en bélier sacrificiel (voir mon article sur les correspondances astrologiques dans la cène de L. de Vinci). Présentée sur un plateau pour figurer le zodiaque, le bélier en astrologie tropicale constitue encore le point vernal 0 et l’émissaire de l’équinoxe de printemps. La relique du crâne malgré des doutes sur son authenticité est exposée à la cathédrale Notre-dame d’Amiens. Avec l’emblème templière des deux cavaliers sur la monture pour représenter la ligne sagittaire-gémeaux, l’intérêt porté à la vierge noire à travers Marie Madeleine ou des rites en relation avec le bélier Saint Jean-Baptiste on peut supposer qu’une croix hermétique a été privilégiée par un cercle occulte du mouvement templier.
Enfin, dans le domaine pictural, la représentation du crâne a souvent été utilisée à l’époque baroque dans le genre des « vanités » pour évoquer le caractère éphémère de la vie et l’aspect illusoire des passions. L’art se met ainsi au service de la cause religieuse en instaurant encore plus de dramaturgie, faisant des églises des temples macabres.
Pour rester dans un exercice artistique non dénué d’un certain regard ésotérique, je présente, ici, quelques études numériques mettant en scène le crâne humain qui appelle tant de questions via son contenu sur notre degré effectif de conscience.