Généralités
Le plateau de Guizeh se présente sous la forme d’une nécropole, avec à l’origine, trois grandes pyramides à faces lisses, construites sous le règne de différents pharaons de la quatrième dynastie, rattachée à l’ancien empire égyptien. Mykérinos est la plus petite et récente construction du chantier, réalisé en plusieurs étapes par les descendants de Khéops suivant un plan d’ensemble qui garde encore ses mystères.
Cependant beaucoup s’accordent à penser que le site, par sa situation au sud d’un delta inversé hydrographique, peut correspondre à la projection abstraite de 3 étoiles de la ceinture d’Orion dont la forme rappelle un sablier (juxtaposition de deux triangles symétriques) . L’orientation Nord-Sud des édifices sur la rive ouest du Nil vient rappeler l’étirement du fleuve sur plusieurs milliers de kilomètres et son rôle vital dans la civilisation égyptienne.
Si les canaux d’aération trouvés dans la grande pyramide ne permettent pas d’avoir un consensus concernant une géolocalisation astrale et donc de confirmer un lien avec Orion, ces pyramides renferment un savoir mathématique en rapport avec une connaissance astrophysique et l’observation d’un monde connecté énergétiquement.
Plan géométrique du site de Guizeh
De même que le carré SATOR/ROTAS faisait apparaître l’ébauche d’une grille de carrés concentriques, le site de Guizeh peut s’articuler autour de la pyramide centrale de Khéphren, désignant un carré d’ordre 2, alors que Khéops est un peu plus grande par sa base.
Avec les 3 pyramides on peut suggérer le chiffre 5 (2+2+1) et dans leur disposition, mettre en avant le carré d’ordre 5 qui instaure des liens mathématiques entre chiffres supérieurs et chiffres entiers inférieurs.
Le chiffre 8 que reprend le centre de Mykérinos permet de trouver le carré d’ordre 5 et d’entrevoir un rapport approché du nombre d’or avec 8/5.
Khéops avec le chiffre 7 permet de délimiter un carré d’ordre 7 et envisager un lien étroit avec la diagonale du carré de 5. On peut de cette façon par simple construction avoir une idée grossière de Pi par le périmètre de l’octogone.
Le carré de 5 croisé ou décalé a aussi une symbolique forte car il peut faire penser à une étoile à 8 branches. On retrouve encore ce rapport de 8/5 et une valeur approchée de phi ou du nombre d’or. De nombreux symboles ésotériques ont été tirés de cette propriété comme les signes suivant empruntés à plusieurs religions.
Le carré d’ordre 5 est donc une charnière (voir le carré d’ordre 5 du SATOR) qui permet également de dialoguer avec les chiffres naturels inférieurs. Il porte le triangle (3,4,5) ou triangle égyptien proche d’un triangle (90°,54°,36°) ou moitié d’un triangle plat d’or. Ce triangle permet de relier 3 chiffres et donc 3 carrés concentriques, d’évoquer le théorème de Pythagore et d’entrevoir l’expression de Phi avec les chiffres 1 et 2 concernés par la pyramide de Képhren. Cette dernière d’ordre 2, centrée sur le carré unitaire, proche par ses dimensions de Mykérinos, permet de trouver graphiquement le nombre Phi avec le carré long mais aussi par son profil de pente 4/3 (celui du triangle égyptien) de circonscrire Pi avec la circonférence du cercle inscrit dans le carré d’ordre 1.
Ces descriptions sont un peu fastidieuses mais elles permettent de souligner le jeu de certaines interactions géométriques via quelques chiffres et d’apporter un support logique à un plan architectural.
Ces relations numériques sont affirmées dans la table d’émeraude qui présente 7 maîtres (Orion et ses 7 étoiles) pour les chiffres de 3 à 9, soumis à la loi des cycles et à un ordre naturel. On y parle de 9 cycles pour la partie de l’amenti soit le périmètre extérieur des 3 pyramides, pour 14 niveaux inférieurs, donnant l’échelle globale du site et le chiffre osirien (14 membres dans le mythe Seth vs Osiris raconté par Plutarque ou les 14 stations du calvaire pour Jésus). Ci joint une tentative d’expliquer certains nombres évoqués dans les tablettes d’Hermès Trismégiste ou même le livre des morts.
Le nombre 42 (42 portes, 42 juges, 42 nomes) peut être retrouvé grâce à la trame de la fleur de vie et le motif de la rosette qui révèle le chrisme à 60°, symbole d’Osiris avec un axe médian donné par la barbe postiche et un X instauré par la configuration du fléau Nekhekh et de la crosse Heqa.
Cette disposition en carrés concentriques permet également d’expliquer la notion de cercle d’alliance (vesica piscis, cercle inscrit) pour passer d’un monde (ciel) à l’autre ou un symbolisme architectural avec une orientation et des proportions bien définies (ex:judaïsme).
On aurait pu penser qu’en raison d’une magnitude apparente proche entre Alnilam et Alnitak, on pouvait avoir une équivalence entre les bases carrées de Khéops et de Khéphren mais c’est oublié le raisonnement de la surface totale pour la retranscription de l’irradiance. Si tel avait été le cas, la pyramide de Khéops aurait eu une surface totale une fois dépliée inférieure à celle de Khéphren or c’est bien la grande pyramide qui retranscrit le plus, l’idée de lumière avec des allusions répétées au nombre Phi (pente 14/11) et un éclairage privilégié lors du lever de soleil au solstice d’été. Son jumeau céleste Alnitak (zeta Ori) peut enregistrer des écarts de magnitude car il s’agit en fait d’une étoile multiple (triple) avec de nombreux éclats observables. Le côté de la base pyramidale de Khéops est donc un peu plus élevé que celui de Khéphren et enregistre une différence de 30 coudées de plus soit 5 Pi si on admet une coudée égyptienne égale à Pi/6.
Dans ce dispositif géométrique le sphinx qui regarde l’astre solaire naissant a également de précieux renseignements à nous fournir. Il marque les limites de l’amenti sur le cercle inscrit du carré d’ordre 14 mais sa position a été savamment étudiée.
Le site de Guizeh et le zodiaque de Denderah
Le sphinx mi lion, mi homme avec sa tête correspondant aux traits de Khéops est au carrefour de 2 types d’angle en liaison avec les pyramides.
Ces angles ont permis de le resituer dans le plan géométrique proposé mais aussi de s’intéresser à 2 types de triangles d’or qui interviennent dans l’étude du pentagone.
Si on en tient compte, le plan d’ensemble devient le suivant avec la construction de 2 pentagones l’un de centre le sphinx lui même (S1) et l’autre de centre C1 situé dans la zone entre le carré d’ordre 3 et celui d’ordre 4.
L’idée consiste alors de superposer cette construction au planisphère de Denderah et de voir les interactions qu’il pourrait en découler. Cet artéfact retrouvé au plafond d’une des chapelles dédiées à Osiris sur le toit du temple d’Hathor a la particularité de représenter les deux hémisphères du ciel sur un même plan et de considérer des constellations extra-zodiacales bien avant le travail de Claude Ptolémée. Les 12 constellations du zodiaque y figurent également avec un certain décalage à cause de l’obliquité de la terre et de leur présence dans l’écliptique. Alexandre N.Isis dans son livre (Les voleurs d’étoiles) a montré que ce planisphère pouvait à travers ses codes artistiques découler d’une tradition astrologique antérieure à la période ptolémaïque et il est aussi intrigant de constater qu’une partie des plans du temple de Denderah s’inspirent de vieux documents de Khéops.
Le temple, au nord de Thèbes, dédié à Hathor (maison d’Horus) était un lieu d’observation du ciel étoilé à quelques degrés de latitude du tropique du cancer avec la possibilité d’observer le soleil à son zénith au solstice d’été. Hathor, vache nourricière (Sopdet) et épouse de Rê, possède le pouvoir de résurrection d’osiris surtout quand elle est confondue avec Isis. Osiris a plusieurs avatars en liaison avec la végétation et la terre mouillée mais peut être aussi ce guide (Sahou Osiris) parcourant l’équateur céleste, à l’image de la constellation d’Orion qui disparait une partie de l’année au printemps, réapparait de façon tronquée dans l’hémisphère nord ou monte dans le ciel d’hiver, le faisant apparaitre comme un dieu plus puissant que le soleil.
Pour les égyptiens Osiris reste néanmoins indissociable du fleuve Nil et du calendrier agricole, sa réapparition avec sirius (lever héliaque) marquant le départ d’un cycle de fertilité avec la crue du fleuve (periode Ahket) alors que sa disparition sur l’horizon caractérise la période des moissons (Chemou).
Sur le planisphère de Denderah, Osiris/Orion a bien cette image en relation avec le Nil et sa faune. Alors que son pied repose sur la tête d’un flamand rose dont le corps serpentiforme rappelle le cours sinueux du fleuve, son baton pointe vers l’autel de Sobek (constelation Ara), la divinité crocodile portant la planète Mercure proche du soleil. Orion portant également le fléau dirigé vers le molosse (constellation du loup), gardien de la momie est à la veille de sa mort suite à son affrontement avec le taureau. Une tradition égyptienne rapporte en effet que son frère Seth (appartenant à l’ennéade d’Heliopolis) après s’être transformé en taureau a voulu l’atteindre avec sa patte antérieure, celle qui reste sous surveillance au centre du planisphère à côté de Touaret, la femelle hippopotame (Dragon) et du chien Bebon (Petite Ourse) et qui représente la Grande Ourse. Ce graphisme permet d’inclure Osiris dans une branche du chrisme et de le faire passer d’un statut de maître du cycle naturel à celui de dieu psychopompe et psychostase avec Anubis, le fils adultérin. L’autre branche du chrisme est donné par la connaissance du solstice, déduite de la position du sphinx dans la transposition géométrique Guizeh/Denderah. Le crabe (constellation du Cancer), connu pour sa course à reculons et son association avec l’astre solaire qui atteint sa déclinaison maximale, est ainsi pointé avec la tête de l’hydre composée de 5 étoiles.
Il est étonnant de constater que cette disposition fonctionne sur le zodiaque de Denderah alors que les pyramides sont antérieures de près de 2500 ans à l’ère chrétienne et l’adoption du zodiaque tropical.
L’autre montage (pentagone de centre C1) se focalise sur le lion et son domaine d’influence en période d’inondation et de grosse chaleur. C’est le premier dans le cortège spiralé des signes zodiacaux a atteindre la borne du Burin qui indiquerait le début du calendrier solaire égyptien avec son lotus surmonté d’un faucon.
L’axe du chrisme semble concerner la période des équinoxes avec la queue d’un bélier pointant la date de l’équinoxe de printemps dans une convention sans doute observable à une époque reculée avec la visite du soleil dans cette constellation. Actuellement, compte tenu de la précession des équinoxes et de l’ancien référentiel, le point vernal se situerait dans la constellation du Verseau.
La géométrie permet donc d’entrevoir des liaisons cosmogoniques et de construire des mythes qui servent les intérêts d’une caste religieuse. Le nombre d’Or (Phi) et l’expression de Pi s’inscrivent dans cette démarche de la règle et du compas, un peu maladroite pour expliquer l’infiniment grand, le concept d’irrationalité mathématique ou évoquer certains aspects géophysiques.
Dans l’exemple du découpage graphique et symbolique du planisphère, on peut retrouver notamment certaines histoires autour de la résurrection d’Osiris et de sa descendance grâce à l’utilisation du triangle (90°,54°,36°) proche du triangle sacré égyptien. Voici en préambule un repérage de quelques étoiles en relation avec le dessin.
Dans la construction, le couteau effilé de Taouret, travestie en sage femme, indique le siège d’Isis et probablement l’étoile la plus brillante de cette constellation à savoir Alpha Centauri (5 ème étoile la plus brillante en comptant le soleil). Le repère orthogonal est formé par une ligne passant par la constellation de l’Aigle avec Altaïr, la gorge de l’hippopotame (référence au cérémonial de l’ouverture de la bouche?) et le milieu de la ceinture d’Orion pour désigner le sexe d’Osiris (Alnilam). Un triangle rectangle vient s’y inscrire soulignant le rôle des différents protagonistes dans la réanimation de la momie osirienne.
Dans le mythe, Isis représentée par le vautour Nekhbet (constellation de l’Aigle), symbole de mort mais aussi de fécondité à cause du sang recouvrant sa tête et pouvant symboliser les règles de la femme, agite ses ailes pour redonner souffle à son époux et concevoir avec l’émasculé, Horus, doté d’un pouvoir lunaire et solaire. Le chien dans l’angle droit ,apporte la vigueur sexuelle nécessaire à Osiris durant l’acte de reproduction et on le retrouve dans l’iconographie égyptienne associé au dieu Bebon avec un sexe en érection. Il figure sur une houe, utile durant les labours et la préparation de la terre en vue de son ensemencement. Sa patte avant masque le centre du planisphère qui peut être l’étoile polaire. Anubis, autre canidé, a d’avantage un rôle funéraire et on le retrouve en présence d’Isis dans la préparation mortuaire ou le rite de la pesée des âmes.
L’hypoténuse du triangle fait apparaitre la lignée d’Osiris ou les 3 ages de la vie dans le mythe oedipien grec. Rappelons que la réponse à l’énigme du sphinx est l’homme. Les 9 premiers chiffres sont reliés à sa marche (4+2+3), le chiffre 5 marque ses sens et certains aspects de sa constitution. On imagine que la connaissance des 4 éléments dont le feu ou la lumière peut lui ouvrir les portes d’un paradigme cosmologique ou le projeter dans l’astral considéré à une certaine époque comme le cinquième élément.
Osiris reste l’archétype de cet homme (à travers la cinétique de la constellation d’Orion) ayant triomphé de la mort, scénario repris dans la religion dite « universelle » qui a puisé dans le creuset astrologique de Denderah en omettant sa descendance et son pouvoir de régénération à travers sa filiation. Le concept théogamique a été poussé dans l’égypte pharaonique par contre en légalisant des mariages consanguins, d’avantage symboliques pour certains.
Conclusion
Pour conclure ce travail basé sur des considérations géométriques et astrologiques, tournées vers le culte osirien, qui a largement inspiré le monothéisme chrétien, j’aimerais évoquer l’architecture de certains temples bouddhistes ou l’aspect graphique de certains mandalas, reflets d’un monde céleste sur un repère géocentrique, comme on peut le constater dans mon hypothèse sur la cartographie du complexe funéraire de Guizeh.
Enfin, j’ose espérer, qu’une spiritualité débarrassée de ses codes religieux obsolètes et en relation avec une science moderne reste possible, et que le chemin des étoiles n’est pas qu’une utopie gnostique.
PHIM